C’est un fait : le stress chronique aggrave un grand nombre de maladies  corporelles et psychiques – il peut même, parfois, en être la cause principale.
Portrait d’un tueur silencieux, mais heureusement, pas invincible.

    

Le stress : qui est-il et d’où vient-il ? 

Le corps humain n’a pas tellement évolué depuis « le temps des cavernes ». Il est donc, par certains aspects, très mal adapté à nos vies modernes… Au départ, le stress était une réponse biologique extrêmement utile pour survivre à un danger imminent – une attaque, par exemple. Cette réponse permet de mobiliser toute l’énergie présente dans le corps et de la diriger vers les muscles, notamment le cœur, afin de favoriser la fuite ou le combat. Cette énergie, le corps la trouve dans les fonctions non-vitales, comme la digestion, la croissance ou la reproduction. Pour faire simple, le stress est le mode court terme du corps ; il n’est possible qu’en désactivant les fonctions long terme.

Par essence, donc, la situation de stress doit être brève, puis laisser le corps revenir à la normale. Et c’est là que les choses se compliquent. Parce qu’il a de l’imagination, une mémoire, un langage, l’homme moderne est capable de s’inventer des situations stressantes quand aucun danger concret ne le menace. Il peut même stresser simplement parce qu’il anticipe… un stress futur ! En outre, la vie urbaine et la vie de bureau nous infligent un stress continu, de basse intensité, que l’on appelle stress chronique ; et celui-ci détruit notre corps à petit feu… 

       

Les sexes réagissent différemment au stress.
(dessin de la fondation APRIL)

Conséquences du stress chronique

Nous l’avons dit : quand il est stressé, l’organisme ne fonctionne plus de façon normale et désactive toutes ses fonctions long terme. Si la situation se répète, trop souvent, sur des durées trop importantes, les effets sont graves et nombreux :

Terrifiant, n’est-ce pas ? Et pourtant, la science fait de nouvelles découvertes tous les jours. On sait à présent que le stress chronique accélère le vieillissement, et même, qu’il peut transformer notre génétique… Ainsi, le biologiste Robert Sapolsky déclare dans le Washington Post : « En vous disant quelque chose de blessant, quelqu’un peut modifier votre ADN – on aurait jamais cru que les choses allaient si loin. »

   

Robert Sapolsky est professeur de biologie et de neurologie à l’université Stanford.
C’est aussi un spécialiste reconnu sur la question du stress.

Remèdes au stress

Le tableau est sombre, mais heureusement, des solutions existent. Robert Sapolsky s’étend sur le sujet dans son livre « Why zebras don’t get ulcers ». Reprenons ses conseils :

  • Faire de l’exercice, de manière régulière. 
  • Pratiquer la méditation.
  • Tisser des liens sociaux : soigner ses relations amicales et familiales, rejoindre un club ou une association, etc.
  • Se trouver une religion (les effets sont spectaculaires ; malheureusement, ça ne marche pas chez tout le monde).
  • Focaliser ses efforts sur des choses qui sont à notre portée (ce qui exclut, par exemple, de vouloir changer le passé ou de prédire l’avenir) ; avoir la sagesse de lâcher prise quand c’est nécessaire.

Dans le même ouvrage, Sapolsky conclut : « Je commence à parler comme votre grand-mère, qui vous dit d’être heureux et de ne pas trop vous en faire. Ce conseil est peut-être trivial, banal, ou les deux. […] Mais ces idées sont puissantes et potentiellement libératrices. »

   

La végétation sur le lieu de travail a des effets significatifs sur le stress des employés.
(en photo : les bureaux d’Amazon à Seattle)

Et le rôle du management, dans tout ça ?

Les dirigeants ne sont pas épargnés par le stress – au contraire, ils seraient plutôt en première ligne ! Mais ils ont aussi une responsabilité certaine dans le stress induit chez les salariés. Ces derniers manquent trop souvent d’autonomie et de reconnaissance ; surtout, il sont surchargés. C’est notamment le cas de la période automnale, où les managers « forcent leurs équipes à faire en quatre mois le travail qui devrait être fait en six » (nous évoquions ce sujet dans un article précédent, « Retour de vacances : gare à la déprime »).

En 2010, déjà, un rapport gouvernemental insistait pour que « la performance économique » ne soit plus le seul critère d’attribution de la rémunération variable des dirigeants. « La performance sociale doit aussi être prise en compte, incluant notamment des indicateurs de santé, de sécurité et de conditions de travail ».

Depuis quelques années, les mentalités évoluent dans le bon sens. En attendant, n’oubliez pas de respirer profondément, et de planifier votre prochaine séance de sport…